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© Dr Nicolas MARTINEZ Vétérinaire
DIE Santé de la Faune Sauvage non captive
Vétérinaire référent du Musée Océanographique de Monaco
Membre du GT2R (Groupe de travail requins et raies)
Lingostière Clinique Vétérinaire
Mise à jour octobre 2025
Quand on pense aux requins, on imagine des prédateurs puissants, insensibles, toujours en mouvement. Pourtant, ces animaux fascinants doivent parfois être soignés, étudiés ou déplacés. Et pour cela, il faut parfois les endormir. Mais anesthésier un requin, ce n’est pas comme endormir un chien. C’est une opération technique, précise… et risquée si elle est mal faite.
L’anesthésie permet d’intervenir sans douleur ni stress pour l’animal. Cela peut être pour retirer un hameçon, poser une balise GPS, traiter une blessure ou faire un examen de santé. L’anesthésie protège aussi les soigneurs : personne n’a envie de se retrouver face à un requin réveillé pendant une opération.
Les requins ne peuvent pas respirer en restant immobiles comme nous. Ils ont besoin que l’eau circule en continu sur leurs branchies pour capter de l’oxygène. S’ils s’arrêtent trop longtemps, ils risquent de suffoquer. C’est donc un casse-tête : comment les endormir sans couper leur respiration ?
La réponse : des techniques très encadrées, toujours sous surveillance!
Anesthésie locale
Pour des gestes simples – traiter une petite plaie – on peut appliquer un anesthésique directement sur la zone à traiter. Cela évite de plonger tout le corps du requin dans un produit.
Anesthésie par immersion
Dans un bassin contrôlé, on ajoute un anesthésique à l’eau. Le produit est absorbé par les branchies. Cette méthode est efficace, mais demande de surveiller attentivement le niveau d’oxygène dans l’eau.
Anesthésie par injection
Lorsqu’il faut une action plus rapide ou plus précise, on injecte un produit anesthésiant (comme la kétamine ou d'autres agents combinés) directement dans un muscle ou une veine du requin. Cette méthode est souvent utilisée pour les espèces plus grandes. Elle agit vite, mais demande une bonne connaissance des doses selon l'espèce, la taille et l’état de santé du requin.
Immobilité tonique (par retournement)
Certaines espèces de requins entrent dans un état de paralysie temporaire lorsqu’on les retourne sur le dos. Ce phénomène naturel, appelé immobilité tonique, peut être utilisé pour des examens courts, mais ce n’est pas une vraie anesthésie. C’est une sorte de "pause", qui ne dure que quelques minutes.
Pendant l’anesthésie, des spécialistes surveillent en permanence la respiration, les réflexes, la coloration des branchies et parfois même le rythme cardiaque. On utilise souvent un tuyau pour faire circuler de l’eau oxygénée dans la bouche du requin, afin qu’il continue à respirer même endormi.
Quand l’intervention est terminée, on arrête les produits et on accompagne doucement le réveil. Une fois que le requin recommence à nager et à réagir normalement, il peut être relâché.
L’anesthésie des requins est un outil essentiel pour leur bien-être. Bien réalisée, elle permet de les soigner, de mieux comprendre leur biologie, et de les protéger dans leur milieu naturel. C’est une pratique encadrée, toujours faite dans le respect de l’animal.