Nous recrutons !
✆ 04.93.29.84.11
© Dr Nicolas MARTINEZ Vétérinaire
DIE Santé de la Faune Sauvage non captive
Lingostière Clinique Vétérinaire
Mise à jour Mars 2025
Dr Nicolas MARTINEZ
Vétérinaire
Le B.A.R.F (Bones and Raw Food ou Biologically Appropriate Raw Food pour les non-initiés) est un mode d’alimentation pour votre chien ou votre chat. Mais s’agit-il d’une mode installée depuis quelques années, ou bien d’une prise de conscience des limites de l’alimentation industrielle pour la santé de nos animaux ?
Le BARF continue malheureusement de créer un clivage entre vétérinaires et propriétaires. C’est dommage.
Les publications vétérinaires françaises sont parfois très tranchées sur le sujet, comme en témoigne un article au titre volontairement provocateur dans L’Essentiel® (février 2018) : « Pour en finir avec le régime BARF ». À l’inverse, certains sites pro-BARF sont tout aussi extrêmes, mêlant alimentation crue, discours anti-vaccin, accusations de collusion entre vétérinaires et fabricants de croquettes… Bref, on s’éloigne du débat constructif.
Essayons donc de poser les choses calmement.
L’idée du BARF : se rapprocher du régime ancestral des carnivores domestiques. La base est simple : viande crue, os charnus, abats… parfois complétés par un peu de légumes ou de fruits.
L’un des avantages du BARF : sa souplesse. Il peut s’adapter à chaque animal. Par exemple, si un chien a tendance à constiper, on peut diminuer les os charnus (OC), augmenter la viande ou ajouter des fibres. C’est le cas d’Ayla, une chienne Loup de Saarloos, dont le transit est équilibré avec une ration personnalisée : 40 % OC, 50 % viande (poisson inclus), 10 % abats. C’est un exemple, pas un modèle unique.
Chez le chien, la viande représente souvent 80 % de la ration, le reste étant complété par légumes, fruits, compléments (levure de bière, huile de poisson, œufs, algues…), et 10 % d’abats crus. Chez le chat ou le furet, la viande peut monter à 90 %.
Il existe aussi des rations toutes prêtes (congelées) disponibles sur des sites spécialisés comme "Easy-BARF".
Les os charnus sont souvent au cœur du débat. Ils apportent du calcium, du phosphore (la cuisse de poulet est souvent citée pour son bon ratio Ca/P), favorisent la mastication, la propreté dentaire et la satiété.
Mais ils ne conviennent pas à tous : chiens stressés, âgés, ou ayant une gastrite chronique peuvent avoir une acidité gastrique insuffisante pour les digérer. Prudence aussi chez ceux qui avalent sans mâcher. Les os porteurs trop durs (fémurs de bœuf, etc.) sont à éviter.
Nous, vétérinaires, avons une formation scientifique. C’est ce que vous attendez de nous : des preuves, du recul, des résultats fiables. Nous ne sommes pas là pour expérimenter sur vos animaux.
Le Dr Blanchard (site cuisine-a-crocs.com) l’explique ainsi :
« Nous ne proposons pas de rations BARF car on ne peut pas garantir la couverture des besoins en ajoutant des abats. Leur teneur en micronutriments est trop variable. Je ne peux donc pas engager ma responsabilité. »
Mais de l’autre côté, certains sites pro-BARF s’enferment dans une logique anti-vétérinaire. Cela dessert leur propre cause. On ne peut pas défendre une alimentation alternative sérieusement en rejetant en bloc toute approche médicale.
Ce que l’on voit encore trop peu : le bilan sanguin spécifique pour animaux nourris au BARF. Et pourtant, c’est un outil très utile pour valider les apports nutritionnels (calcium, phosphore, zinc, iode, etc.).
Un chien en forme, avec de belles selles et un poil brillant ? Ce n’est pas suffisant pour valider une ration.
Le bilan permet un vrai dialogue entre propriétaire et vétérinaire, pour ajuster la ration si besoin. Parfois, un simple détail fait toute la différence!
Exemple : les analyses proposées par le laboratoire Laboklin:
Ce n’est pas la bonne question. On pourrait aussi poser : pour ou contre les croquettes ? Ce qui compte, c’est le bon sens et l’équilibre.
Les croquettes de mauvaise qualité existent. Le BARF mal fait aussi.
Notre rôle de vétérinaire est de vous écouter, vous accompagner, et vous alerter sur les risques (notamment sanitaires). Même si nous sommes moins formés au BARF qu’aux croquettes, nous devons rester ouverts pour ne pas passer à côté d’erreurs nutritionnelles, ou de signes cliniques influencés par l’alimentation.
Un vrai plaisir gustatif pour l’animal (et franchement, une croquette, c’est rarement appétissant…)
Des repas plus lents, plus naturels
Des selles souvent moins volumineuses et moins odorantes
Un lien renforcé entre le propriétaire et son animal
Moins de tartre, donc moins de parodontite, d’antibiotiques ou d’anesthésies chez les vieux chiens
Peut-être une meilleure longévité… mais cela reste à démontrer
Pas (encore) de preuve scientifique forte de sa supériorité
Risque de déséquilibre (trop de calcium, pas assez de phosphore…)
Risque digestif avec les os : constipation, obstruction, perforation
Qualité très variable selon la viande utilisée
Risque bactérien et parasitaire plus élevé
Plus contraignant pour voyager ou faire garder l’animal
Et une méconnaissance fréquente des règles d’hygiène alimentaire
Des germes pathogènes ont été identifiés dans les rations BARF : Salmonella, E. coli, Listeria, Brucella, Campylobacter, mais aussi des parasites comme Toxoplasma, Cryptosporidium, Trichinella, Echinococcus.
Les quantités sont souvent faibles. Les symptômes sont rares. Mais le risque existe. Et surtout, l’animal peut excréter ces germes sans être malade, exposant l’environnement et les humains.
Un exemple inquiétant : des Salmonelles résistantes à 7 antibiotiques retrouvées dans des rations BARF congelées.
La chaîne du froid, la qualité des viandes et les règles de manipulation sont donc essentielles. Et oui, préparer soi-même est souvent plus sûr que les rations toutes faites…
À retenir donc :
La chaîne du froid doit être respectée,
Les règles d’hygiène sont indispensables,
On évite de faire manipuler la gamelle crue à un enfant.
Le BARF n’est ni une solution miracle, ni un danger absolu. C’est une option. Une parmi d’autres.
Ce qui compte, c’est qu’il soit adapté à l’animal, bien construit, bien suivi. Une ration maison peut être très bénéfique… ou totalement déséquilibrée. Comme une croquette peut être très bien formulée… ou de mauvaise qualité.
Ce n’est pas le "camp" qui compte, c’est le contenu de la gamelle.
Notre rôle de vétérinaire, ce n’est pas de juger vos choix, mais de vous accompagner :
Vous aider à éviter les erreurs,
Identifier les déséquilibres ou les risques cachés,
Intégrer le mode d’alimentation dans notre raisonnement médical,
Et vous alerter sur ce qui pourrait nuire à votre animal… ou à votre foyer.
Le BARF bien fait peut très bien convenir. Mais il demande du temps, des connaissances, une bonne hygiène, et parfois quelques analyses pour valider ce que l’œil ne voit pas.
En bref : si vous faites le choix du cru, faites-le sérieusement. Et si vous avez des questions, on est là pour y répondre. Pas pour vous faire changer de camp, mais pour que votre animal reste en bonne santé.
Pour aller plus loin :
RAW FEEDING-PREY MODEL: L'alimentation crue des carnivores domestiques
https://raw-feeding-prey-model.fr/digestion-des-os-acidite-gastrique-et-salmonelles/
Le blog du Dr Vet Géraldine BLANCHARD
https://blog.cuisine-a-crocs.com/regime-barf-pour-chien-comment-savoir-si-je-fais-bien/