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© Dr Nicolas MARTINEZ Vétérinaire
DIE Santé de la Faune Sauvage non captive
Lingostière Clinique Vétérinaire
Février 2025
Dr Nicolas MARTINEZ
Vétérinaire
Les morsures de serpents constituent un problème de santé publique souvent négligé. Selon l’OMS, elles sont responsables de nombreuses incapacités et décès chaque année, notamment dans les régions tropicales. Environ 3 000 espèces de serpents sont répertoriées, dont 600 sont venimeuses, mais seules 250 sont dangereuses pour l’Homme
Quels serpents sont les plus dangereux ?
Pour qu’un serpent représente un danger, trois conditions doivent être réunies :
Un appareil venimeux ;
Un venin toxique pour l’Homme ;
Des rencontres fréquentes avec l’Homme
Les serpents se distinguent par la structure de leurs dents et de leurs crochets venimeux :
Aglyphe : dents dépourvues de rainure ou de canal, typiques des serpents non venimeux.
Exemples en PACA:
Couleuvre à collier (Natrix helvetica et Natrix natrix)
Couleuvre vipérine (Natrix maura)
Couleuvre verte et jaune (Hierophis viridiflavus)
Couleuvre d’Esculape (Zamenis longissimus)
Couleuvre girondine (Coronella girondica)
Couleuvre lisse (Coronella austriaca)
Opisthoglyphe : crochets venimeux situés à l’arrière de la mâchoire, nécessitant souvent de mastiquer pour injecter le venin.Ne peut donc pas injecter son venin efficacement sur une proie de grande taille.
Exemple en PACA:
Couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus)
Protéroglyphe : crochets courts et fixes à l’avant de la mâchoire, comme chez les cobras (Naja), mamba noir facilitant une injection rapide du venin.
Solénoglyphe : crochets longs et mobiles à l’avant de la mâchoire, caractéristiques des vipères (Vipera, Bothrops), capables de se replier lorsqu’ils ne sont pas utilisés
Exemples en PACA:
Vipère aspic (Vipera aspis)
Vipère péliade (Vipera berus)
Vipère d’Orsini (Vipera ursinii)
Les différentes mâchoires de serpents, source UNIVERSALIS.FR
Les serpents dangereux se classent en plusieurs catégories :
Les vipéridés (ex : Bothrops, Daboia russelii) causent principalement des syndromes hémorragiques, des troubles de la coagulation, voire des hémorragies internes pouvant conduire à des chocs et des AVC
Les élapidés (ex : Naja haje, Bungarus fasciatus) provoquent des syndromes neurotoxiques rapides avec paralysie, troubles respiratoires, et peuvent être mortels en quelques heures.
Les colubridés venimeux, bien que moins fréquents, peuvent aussi causer des troubles de l’hémostase et des atteintes neurologiques.
Les défis de la prévention et de la prise en charge
L'OMS a mis en place une stratégie mondiale visant à réduire de 50 % la mortalité liée aux morsures d’ici 2030. Cela passe par l’éducation des communautés, l'amélioration de l'accès aux traitements (antivenins), et le renforcement des systèmes de santé.
La compréhension des différents types de venins et des syndromes associés est essentielle pour une prise en charge efficace. Sensibiliser le grand public aux risques et aux gestes à adopter en cas de morsure est un levier clé pour sauver des vies.
Législation:
En France, toutes les espèces de serpents sauvages sont protégées par la loi. Il est interdit de :
•Les capturer, blesser, tuer ou perturber.
•Détruire leurs habitats.
Les serpents sauvages en France sont protégés par :
•Le Code de l’environnement (Article L411-1 et suivants).
•L’arrêté du 19 novembre 2007.
•La Convention de Berne (1979).
En cas de non-respect de ces lois, les contrevenants s'exposent à :
•Une amende pouvant aller jusqu’à 150 000 €.
•Une peine de prison pouvant aller jusqu’à 2 ans.
Source :
Dr Sébastien Larréché, Morsures de serpents, Faculté de Médecine, Sorbonne Université, 2024 pour le DU de Pathologies Tropicales Essentielles.