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© Dr Nicolas MARTINEZ Vétérinaire
DIE Santé de la Faune Sauvage non captive
Lingostière Clinique Vétérinaire
Mise à jour novembre 2024
Dr Nicolas MARTINEZ
Vétérinaire
Les chromatophoromes, bien que rarement décrits chez les reptiles, représentent un sujet sous-diagnostiqué, en particulier chez les spécimens maintenus en captivité. Ces tumeurs touchent les chromatophores, cellules spécialisées dans la production et la distribution des pigments responsables de la coloration cutanée.
Elles se manifestent le plus souvent au niveau de la peau, principalement sur le corps et la tête, mais peuvent aussi concerner d'autres régions en fonction de l'espèce et des conditions de maintien.
Chez les reptiles en captivité, la prévalence des chromatophoromes pourrait être significativement plus élevée qu'on ne le pense actuellement. Cependant, leur diagnostic repose souvent sur des analyses histopathologiques, ce qui limite leur détection en milieu clinique.
Parmi les facteurs prédisposants suspectés, les conditions environnementales, telles que l’exposition prolongée à certains types d’éclairages UVB/UVA, pourraient jouer un rôle non négligeable. Une étude approfondie sur l’impact des différents spectres lumineux artificiels sur la santé cutanée des reptiles s’avérerait essentielle pour mieux comprendre cette relation potentielle.
Chromatophorome sur un pogona © Lingostière Clinique Vétérinaire
Les chromatophoromes se présentent généralement sous forme de masses cutanées, parfois pigmentées, mais peuvent également apparaître comme des zones dépigmentées en cas de dégénérescence cellulaire. Ces lésions peuvent rester localisées pendant un certain temps, mais des signes systémiques, tels qu’une diminution de l’appétit, une léthargie ou une perte de poids, peuvent indiquer la présence de métastases.
Chromatophorome de ce pogona après chirurgie en histologie cutanée © Laboratoire ORBIO
Bien que la chirurgie soit actuellement le seul traitement disponible, elle peut être curative lorsque la tumeur est détectée à un stade précoce et bien localisée. Cependant, les chromatophoromes présentent un potentiel métastatique non négligeable, avec une dissémination rapportée vers divers organes, notamment :
Poumons : Risque élevé d'insuffisance respiratoire.
Reins : Compromission de la fonction rénale, souvent irréversible.
Foie : Dégradation des fonctions métaboliques essentielles.
Tube digestif (intestin, estomac) : Altération de l’absorption et de la digestion.
Cœur et corps adipeux : Impact sur le métabolisme énergétique global.
Ces métastases compliquent considérablement le pronostic à long terme, réduisant les chances de survie même après une excision complète de la tumeur primaire.
Les chromatophoromes méritent une attention accrue dans la littérature scientifique vétérinaire et herpétologique. Outre l’exploration des facteurs environnementaux, une meilleure caractérisation moléculaire et génétique de ces tumeurs pourrait permettre d’identifier des marqueurs précoces de malignité et d’ouvrir la voie à des traitements complémentaires, comme la radiothérapie ou la chimiothérapie ciblée, aujourd’hui peu explorés chez les reptiles.
Enfin, des recommandations cliniques spécifiques devraient être élaborées pour améliorer la détection précoce, le suivi post-opératoire et la prise en charge globale des reptiles atteints de chromatophoromes.